Attentats d’extrême-droite en Allemagne : le fascisme tue encore

Le mercredi 19 février dernier, à Hanau, en Allemagne, un militant d’extrême droite s’attaquait à deux bars à chicha et tuait 9 personnes, revendiquant clairement dans une vidéo et un « manifeste » le caractère raciste et xénophobe de cette attaque. En octobre déjà, deux personnes avaient été tuées en Allemagne par un néonazi qui avait tenté d’attaquer une synagogue et en juin, dans le même pays, un autre militant néonazi avait tué un préfet, supposé trop accueillant envers les migrant.e.s. La France n’est pas épargnée par la violence de l’extrême droite, qui vise ces temps-ci principalement les musulman.e.s, puisqu’en juin deux personnes avaient été blessées dans une attaque de la mosquée de Brest et qu’en octobre, un ancien candidat FN, Claude Sinké, avait lui attaqué la mosquée de Bayonne, blessant là encore deux personnes.

Manifestation en hommage aux victimes de l’attentat d’Hanau. Sur la banderole : « le fascisme et le racisme tuent partout ! »

En Allemagne comme en France, aux États-Unis comme en Nouvelle-Zélande et partout dans le monde, l’extrême droite tue et blesse. Et pendant ce temps, les dirigeant.e.s, les différents gouvernements continuent de favoriser la propagation des idées racistes et xénophobes par leurs discours et par leurs politiques de rejet, d’exclusion, vis-à-vis des migrant.e.s et des populations issues de l’immigration. En France, Rachida Dati s’est empressée de relier la tuerie d’Hanau à la politique supposée trop accueillante d’Angela Merkel vis-à-vis des migrant.e.s, notamment venu.e.s de Syrie, en 2015. Pour elle, lorsque ce sont les musulman.e.s qui sont visé.e.s, ce sont encore elles et eux les responsables. En Allemagne également, un candidat à la succession d’Angela Merkel à la tête de la CDU, Friedrich Merz, n’a pas hésité à tenir le même genre de discours et de manière générale nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui, au sein de la CDU, sont tenté.e.s de chasser les voix du parti d’extrême droite l’AfD (voir ici et ici, deux éclairages de Mediapart) . D’ailleurs, cette politique d’accueil qui fait tant peur à la classe politique et qui serait la grande cause de la recrudescence des attentats d’extrême droite n’a en réalité pas duré bien longtemps, s’arrêtant dès 2016, Angela Merkel elle-même donnant ainsi du grain à moudre aux discours les plus racistes.

Le discours d’Emmanuel Macron à Mulhouse le 18 février, sur ce qu’il a décidé d’appeler le « séparatisme islamiste » , participe de cette stigmatisation perpétuelle des musulman.e.s qui ne fait que renforcer et répandre les discours de l’extrême droite et vient par là même légitimer les délires et les actions de la frange la plus radicale de cette dernière. « Une fois de plus, c’est une séquence de criminalisation qui vaut aux musulman.e.s l’intense attention des médias, des partis politiques et des institutions, jusqu’au plus haut niveau de l’État. Une fois de plus, et c’est malheureux, le Président cède à un agenda politique qui vise à faire des musulmans des citoyens d’exception, puisque l’ensemble des mesures qui ont été annoncées les visent explicitement et spécifiquement. » (voir ici). En courant désespérément après les voix d’extrême droite, en démontrant chaque jour que l’inhumanité la plus flagrante n’éloigne pas du pouvoir, que l’on peut laisser mourir sans gêne des êtres humains en méditerranée ou dans les Alpes, que l’on peut enfermer des  hommes, des femmes mais aussi des enfants en centre de rétention et le légaliser, que l’on peut laisser sa police tuer et mutiler impunément de jeunes gens parce qu’ils.elles sont noir.e.s, en choisissant d’utiliser la haine des musulman.e.s et la peur de l’islamisme pour détourner l’attention et tenter de faire oublier les attaques sans précédents contre les conquis sociaux, les dirigeant.e.s au pouvoir en Europe et ailleurs déplacent le curseur de ce qui semble acceptable ou non et ouvrent la voie à l’extrême droite qui trouve sans cesse de nouveaux portes-voies à ses discours nauséabonds. Certain.e.s se sentant alors pousser des ailes, ils ou elles choisissent de passer à l’acte et de viser directement celles et ceux qui chaque jour sont la cible des discours racistes tenus par un large spectre de la classe politique.

Nous, antifascistes, considérons qu’il faut traquer le racisme partout où il se trouve, dans les milices d’extrême droite mais également dans la classe dirigeante qui par ses discours et ses actes répand la haine de l’autre et le rejet. Le fascisme tue, ensemble combattons-le, partout!

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